CHAPITRE 25

Deux ou trois jours s’étaient écoulés. Nous avions récupéré. J’avais veillé à mettre Ax en sécurité dans les champs les plus reculés de notre propriété, à l’abri des regards.

J’attendis qu’il fasse sombre, et je me transformai de nouveau en prenant l’animorphe de mouette.

Je quittai ma grange et volai dans la nuit jusqu’au Parc.

Le Parc était fermé et désert, hormis quelques gardiens rôdant çà et là. Ils m’auraient arrêtée si j’avais essayé de rentrer normalement. Mais personne ne faisait attention aux mouettes.

Je me suis posée près du bassin des dauphins et je suis redevenue humaine. Il n’y avait aucune lumière allumée et seulement un très mince croissant de lune, mais j’entendais les dauphins qui nageaient. L’un d’eux s’approcha de moi, intrigué par cet humain qui se promenait la nuit.

— Salut. Désolée, je n’ai rien à manger pour toi.

Ensuite, j’ai enjambé le rebord du bassin. Puis je me suis laissée glisser dans l’eau.

Trois dauphins s’approchèrent pour jeter un coup d’œil. Il se passait vraiment quelque chose d’inhabituel pour eux. Un humain bizarre qui entrait dans leur bassin. C’était un nouveau jeu.

Je me mis à morphoser.

Ce qui les surprit encore plus. Les six dauphins se mirent à nager autour de moi en m’observant : petits coups d’œil par en dessous, de côté, en arrière après m’avoir dépassée.

Lentement, je devins l’un d’eux.

C’était idiot, en fait. Je savais que c’était idiot. Mais j’avais l’impression que c’était quelque chose que je devais faire.

Je voulais leur montrer ce que j’avais fait. Je voulais leur permission de devenir l’un d’eux. Je voulais trouver un moyen de leur raconter… tout.

Seulement, une fois que je me suis retrouvée dans ce corps de dauphin, j’ai eu du mal à me souvenir de toutes mes inquiétudes humaines, à me rappeler pourquoi j’étais venue.

Difficile de se rappeler la peur et l’inquiétude et la culpabilité.

L’un d’eux s’approcha, une femelle, me donna un petit coup de bec et fonça vers la surface. Elle jaillit dans l’air, dans une grande gerbe d’eau, puis retomba, aussi silencieuse et rapide qu’une flèche.

Ils me demandaient de jouer.

Ils me demandaient de danser avec eux.

Alors, c’est ce que j’ai fait.